En ce début de nouvelle année scolaire, et si nous tenions compte de ce que décrivent Jacques Lévine et Michel Develey dans leur ouvrage "Pour une anthropologie des savoirs scolaires. De la désappartenance à la réappartenance." ESF Edition ?
"ce qui est en cause dans l'apprentissage, c'est moins un fonctionnement d'intégration de type strictement cognitif que la façon dont l'enfant envisage d'occuper sa place dans la société. C'est avec cette image sociale de lui-même qu'il entre en rapport avec les textes, si bien que l'objet principal de l'apprentissage devient l'élaboration de cette image."
Ils définissent l'anthropologie des savoirs scolaires de la façon suivante : "...Elle vise à considérer les conditions de développement suffisamment bonnes de l'enfant à l'école, susceptibles de l'instituer en humain capable à son tour de créer de l'humain. Elle assigne donc à l'élève un statut social plus vaste que celui qui lui est dévolu actuellement puisqu'elle voit en lui, tout à la fois, un héritier, un continuateur et un contributeur de la marche du monde."
C'est une façon d'attirer notre attention sur la considération que nous donnons à ceux qui, sur les bancs de nos classes, formeront, ne l'oublions pas, l'humanité de demain !
Quant à Jeanne Moll, elle nous rappelle, dans un article intitulé "Les phénomènes de groupe et leur influence sur les apprentissages" paru en avril 2002 dans la revue de l'AGSAS "Je est un autre", combien il est important, en ces débuts d'année, de prendre le temps d'offrir à la classe, la possibilité de se tranformer en un groupe "suffisamment bon" pour que chacun et chacune se laissent prendre aux plaisirs d'apprendre ensemble.
"Dans le groupe de la classe tel qu'il se présente en début d'année, les jeunes sont encore des inconnus les uns pour les autres, ils forment une masse indistincte où chacun se sent menacé dans son intégrité par la présence de l'autre. Le professeur aura alors à détourner l'angoisse qu'ils peuvent éprouver à des degrés divers et à les aider à trouver la bonne distance pour qu'ils abordent les apprentissages dans un climat affectif suffisamment sécurisant. En d'autres termes, l'enseignant doit réfléchir à la manière dont il peut permettre à chacun de s'affirmer comme sujet, de se situer comme "je" pour rejoindre sans crainte le "nous" collectif. Il lui reviendra de transformer le groupe potentiellement violent des enfants et des adolescents rassemblés en début d'année de façon plus ou moins aléatoire en un véritable groupe de travail où chacun se sent à la fois reconnu dans sa singularité et solidaire du groupe."
Elle poursuit : "Le début de l'année scolaire, moment de rentrée dans une nouvelle classe et parfois un nouvel établissement, constitue un passage à la fois désiré et redouté, redouté comme l'est toute séparation : on laisse derrière soi un monde familier où l'on avait ses habitudes et on est dans l'ignorance anxieuse de ce qu'on va découvrir."
Un peu plus loin : "C'est pour ces raisons que les enseignants doivent veiller à la qualité de l'accueil qu'ils réservent à leur nouveaux élèves."
Ne l'oublions pas ! Et réfléchissons à ce qui peut favoriser cela avant même de se lancer dans la première leçon !
Jacques Lévine et Michel Develey apportent des réponses dans les chapitres qu'ils intitulent "Le Moi groupal de deuxième type comme fondement de la réappartenance. Une nouvelle façon, pour l'élève de former groupe avec l'école et les savoirs." et "Pour un nouveau Moi groupal des enseignants. La pédagogie des trois alliances."
Souhaitons que dans les ESPE, Ecoles Supérieures du Professorat et de l'Education, on s'intéresse à "fonder une professionnalité enseignante qui serait en prise avec les besoins les plus fondamentaux du développement, individuel et collectif, qui reconnaîtraît que les élèves ont :
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à se sentir installés dans un corps réél et vivant ;
- à se sentir en alliance minimale avec quelqu'un ;
- à se vivre comme interlocuteurs valables ;
- à avoir un futur possible et un passé non impossible et, le cas échéant, pouvoir parler de ce qui empêche ce futur possible et ce qui a rendu ce passé trop négatif ;
- à se sentir porteurs de réalisations concrètes et reconnues, goûter le plaisir de percer des secrets de production et de fonctionnement des choses...
Bonne année scolaire 2013-2014 !!!
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